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Le phénomène des prédations des animaux sauvages sur les cultures agricoles et forestières est un fait relativement nouveau.
Il y a une cinquantaine d'années, la densité de ces animaux n'excédait pas la capacité d'accueil et de nourrissage de leur biotope et ils restaient donc confinés dans les bois et forêts.

Aujourd'hui, d'innombrables territoires ruraux sont confrontés à une augmentation sans précédent de la faune sauvage. Bien sûr ce gibier a une place légitime et nécessaire dans l’écosystème, mais sa surpopulation entraine un débordement de son habitat traditionnel : il envahi les zones champêtres ou cultivées et sa présence impacte défavorablement l'activité humaine.
 
Utilité d'une protection :
A moins que les arbres ne soient installés dans un espace clôt ou surveillé, il ne faut pas négliger leur protection car les dégâts causés par le gibier constituent l'une des principales raisons de l'échec d'une plantation.
Si les dommages restent superficiels et n'affectent qu'une fois le plant, ils perturberont sa croissance mais, avec des soins spécifiques, n'entameront pas son capital de développement et de vie (sauf dans le cas des conifères, voir plus bas).

S'ils deviennent récurrents, cette répétition endommagera le plant jusqu'à sa destruction ou sa nanification définitive. La seule solution sera le remplacement.

Dans tous les cas, affaiblis par leurs blessures les arbres deviendront beaucoup plus sensibles aux pathologies cryptogamiques ou parasitaires et nécessiteront ensuite un suivi très attentif.

En tout premier lieu, les rongeurs lagomorphes (lapins, lièvres) écorcent le tronc en partie basse et mangent les pousses ligneuses jusqu'à 45 cm du sol (beaucoup plus haut en cas de couche neigeuse). Quand le tronc est écorcé sur tout son pourtour, la vie du plant est comptée. Quand l'écorce est simplement rongée de place en place, les cicatrices résiduelles sont autant de portes d'entrée aux germes et maladies, sa croissance et sa santé deviennent aléatoire.

Ensuite viennent les mammifères ruminants (Cerfs, Chevreuils) qui selon les moments de l'année sont responsables de différents types de dégradations.

Le pire étant le sanglier qui peut soit être attiré par les truffes en développement, soit par les gros vers qui profitent de l'humidité des paillages pour se rassembler à proximité du plant.
 
L'abroutissement (Printemps) :
C'est la consommation des pousses ligneuses ou semi-ligneuse des jeunes arbres au moment du débourrement à la reprise de la période de végétation. Aussi bien pour les cervidés que les rongeurs c'est un acte habituel qui vient compléter leur régime herbacé de base : l'extrémité bourgeonnante est consommée avec éventuellement une blessure supplémentaire faite quand le rameau est arraché.
Sur les conifères et lorsque la pousse centrale ou tous les bourgeons du verticille terminal sont broutés, c'est terminé, le plant ne grandira plus et doit être remplacé.

Sur les feuillus, seul le prélèvement du bourgeon terminal est réellement dommageable. Il ralentit ou stoppe la croissance en hauteur, ce qui allonge la durée des entretiens et provoque des fourchaisons, des déformations et des têtes multiples.

Sans intervention humaine un bourgeon latéral doit alors se développer puis prendre la place du bourgeon manquant, l'arbre prend un aspect caractéristique en baïonnette et se déséquilibre.

Une taille de reformation est ensuite obligatoire si on veut retrouver une forme harmonieuse de la frondaison de l'arbre. Dans tous les cas de nombreuses années de croissance sont perdues … et tant que l'arbre reste petit, il est vulnérable.
 
Le frottis (Été, Automne) :
C'est le frottement contre les jeunes arbres encore flexibles par la ramure des cervidés mâles.

En période dite "de frayure" ils cherchent à se débarrasser du velours, cette enveloppe de protection de leur bois qui se dessèche et tombe une fois la croissance achevée.

En dehors de cette période c'est un comportement territorial : un marquage du territoire.

Sur l'arbre, le dommage atteint l'écorce et les rameaux sur un seul côté de la tige. Répété, l'écorce et les branches sur arrachés tout le pourtour de la tige et la blessure entraîner la mort de l'arbre.

Dans tout les cas même les moindres, la croissance et le développement du plant sont perturbés et les lésions favorisent le développement des maladies.
 
Le rongement et l’écorçage (Hiver) :
Fatal pour un jeune plant qui en sort généralement brisé à de multiples endroits, le rongement et l'écorçage consistent en des morsures et des retraits de l'écorce lorsque les ressources alimentaires deviennent minimales.

Sur les arbres les plus forts, il reste des marques d'incisives sur le tronc. La mort de l'arbre est programmée lorsque l'écorce est retirée sur la totalité de la circonférence du tronc.

Sans arriver à cet extrême l'arrachage de ces bandes d'écorce est très dommageable à la santé de l'arbre.

Même longtemps après guérison la résistance mécanique de la zone du bourrelet cicatriciel restera affaiblie et l'arbre sera toujours plus sensible au vent ou à la neige.
 
Les boutis :
Dégradations typiques de sangliers à la recherche de nourriture.
Ils sont principalement attirés par les glands mais les truffières étant souvent des zones d'équilibre agroécologique, elles abritent une faune, et plus spécialement une pédofaune très nombreuse.

Par ailleurs, la terre des brulés étant particulièrement souple du fait de l'action de la truffe et du travail des trufficulteurs, elle constitue un biotope privilégié pour les gros lombrics dont les animaux sont friands.

Et pour finir, les paillages épais (coco, sisal, jute …) retiennent longtemps l'humidité … donc favorisent la présence des limaces et escargot que la bête noire mange dés que l'occasion s'en présente.

Ces retournements sont fatals pour le jeune plant que l'on retrouve souvent sec sur le coté. Lorsque les arbres sont plus gros, le labour prive cette année là le trufficulteur de récolte, truffes et truffettes ayant servies de repas aux cochons sauvages.
 
Les protections :
Minimiser les coûts de la prévention constitue souvent une erreur d'appréciation lourde de conséquence.

Répétés chaque jour d'une saison par un groupe d'animaux, la plantation se réduira comme une peau de chagrin jusqu'à sa disparition totale.

Choisir une protection adaptée, efficace et durable n'est pas un luxe dont on peut se passer mais un investissement nécessaire à la survie de la plantation.

La protection totale sera toujours la clôture grillagée métallique d'environ 2m de haut et enterrée de 30cm pour éviter que les prédateurs creusent en dessous. C'est cette ultime protection qu'il faudra choisir si votre plantation est située dans une zone de surpopulation de sangliers. Plus chère à la mise en œuvre, cette solution présente cependant l'avantage d'éloigner tout aussi efficacement les prédateurs à deux pattes qui pourraient fréquenter vos arbres en période de production.
Pour tous les autres cas et tant que la pression alimentaire reste modérée, la sélection d'une protection par filets, par manchons individuels autour de chaque plant ou encore au moyen d'effaroucheurs accrochés dans le feuillage, sera souvent choisie.

La taille et la structure du manchon et des tuteurs dépendront de la nature de la prédation et du type de protection choisie.

Vous trouverez dans notre
catalogue différents types de produits que nous utilisons nous-mêmes avec satisfaction.

Et un grand nombre d'informations sur les prédations et les moyens de lutte, dans nos dossiers :
Protection et paillages.
Le paillage :
Jusqu'à la troisième année, il faut être attentif à la reprise du plant mais privilégier avant tout son développement naturel avec les ressources disponibles dans son environnement.

Si la zone est naturellement sèche, le plant développera de lui-même un système racinaire dense pour s'acclimater à ces conditions.

Lui apporter régulièrement de l'eau le dissuadera de s'adapter et n’entraînera, à terme, qu'une atrophie des racines.

Bien évidement, en cas de sécheresse prolongé, un arrosage de 5 à 10L par plant et par quinzaine sera le bienvenu, mais attention : l'excédent d'eau est plus néfaste que le manque et peut même favoriser le développement de champignons clairement compétiteurs à la truffe.
Voir à ce titre, l'excellent travail de recherche de M. Mamoun et J.M Olivier ingénieurs à l'INRA.

L'utilisation d'hydroretenteurs en mélange avec le substrat de plantation ou incorporés ultérieurement aide beaucoup à constituer des réserves d'eau autour du plant : voir plus d'info dans le folio
Entretien.
Mais l'installation d'une couverture partielle du sol, par paillage, est cependant une très bonne option à retenir.

En effet, cette technique combine trois avantages : Cela apporte de la fraîcheur, maintient l'humidité en limitant l'évaporation et étouffe la germination des végétaux concurrents à proximité immédiate du plan, alternative écologique du traditionnel désherbage chimique.

Les paillages plastiques d'origine fossile gros générateurs de résidus de recyclage et nécessitant plus de 300 ans pour se décomposer seuls seront judicieusement écartés au profit de produits à base de matériaux naturels renouvelables et biodégradables.

Fibres naturelles, particules de bois ou de liège agglomérées, ces dalles semi-souples proviennent de sous-produits agricoles ou forestiers et se dégraderont seules en 4 ou 5 ans (action des intempéries et des micro-organismes). Durant ce temps, elles maintiendront à merveille l'humidité nécessaire au développement de votre truffière.

Pour plus d'information, lire les pertinents articles écris par Philippe Van Lerberghe de l'Institut pour le Développement Forestier et disponibles dans nos dossiers
Protection et paillage.